Les vendanges ont été relativement tardives, nous avons cueilli du 16 au 26 septembre. La qualité est belle, le volume est limité suite aux aléas qui se sont succédés. En 2019, notre région, la Côte des Blancs, a été la plus éprouvée de la Champagne.
Les gelées du printemps ont détruit 20% des bourgeons, surtout à Avize et à Cramant. Rappelez-vous, il a fait froid jusqu’à la mi-juin et la floraison a été difficile notamment pour les chardonnays, cépage hâtif.
Enfin, l’été caniculaire (42 °C le 25 juillet) a littéralement grillé de nombreux raisins et même des feuilles, du jamais vu en 30 ans de carrière ! Fin aout, la maturation est alors très rapide, trop rapide ? La production de sucre s’emballe, alors que la maturité aromatique traîne les pieds. En septembre, les conditions deviennent idéales avec du soleil, des nuits fraîches et ce vent du nord qui nous a protégés tout au long de la saison. Nous décidons d’attendre et de vendanger à des degrés d’alcool inattendus, avec une belle acidité et un état sanitaire parfait des raisins, un bel équilibre inédit !
Actuellement, les vins fermentent dans nos fûts et nos foudres, chacun à leur rythme. Comme tous les ans depuis 1999, la fermentation se déclenche spontanément grâce aux levures indigènes de chaque terroir. Même si quelques futs resteront vides cette année, le chai est rempli de beaux arômes.
Nous expérimentons un élevage en dolias, la terre cuite, comme le bois, laisse respirer le vin ! Nous avons aussi récolté de beaux pinots qui feront un joli Rosé de Saignée et quelques barriques de Vertus Rouge.
2019, un millésime hors norme !
Pierre Larmandier