Louis-Benoît Desvignes n’a pas sa langue en poche

(Compte rendu partiel de l’interview accordé à Christophe Tupinier, paru dans Beaujolais Aujourd’hui, n° 17.)

Louis-Benoît Desvignes n’envisageait pas du tout de s’investir dans la culture de la vigne. Il a d’abord donné la priorité à la musique, ce qui l’a amené à rouler sa bosse un peu partout. C’est sa sœur Claude-Emmanuelle qui a fait des études pour reprendre en main le domaine familial à la retraite de son père. Elle et son frère, entre-temps revenu de ses pérégrinations plus ou moins lointaines, œuvrent de concert et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils le font bien, et même très bien. Aujourd’hui, Louis-Benoît Desvignes participe donc grandement à la gestion de ce domaine unanimement reconnu comme un des meilleurs de l’appellation Morgon. Il ne se définit pas comme un autodidacte : « Il y a toujours des gens qui vous apprennent quelque chose, même s’il est aussi important d’aller chercher par soi-même. » Il avoue que travailler en famille dans un domaine viticole, même s’il est conscient d’avoir eu, comme sa sœur, la chance et le privilège d’avoir un grand-père et un père qui leur ont transmis un outil merveilleux, mais « qui s’accompagne d’enjeux lourds. » Il n’hésite pas à dire que, dans un domaine viticole, on est un peu esclave. C’est un métier sans limites. Les difficultés sont alourdies par la spécificité du Beaujolais, « un vignoble magnifique qui peut produire de très grands vins à des prix imbattables. » Mais ce vignoble est parfois planté à dix mille pieds l’hectare, avec des coteaux parfois extrêmement pentus, où la machine est proscrite. Y produire de la qualité coûte très cher. Nous y voilà : les prix vont-ils augmenter ? Louis-Benoît Desvignes en est convaincu. Le Beaujolais, dit-il, doit remettre en valeur ses grands vins ; il n’est plus possible de proposer des morgons à sept ou huit euros la bouteille ; si un grand vin se vend à ce prix, les consommateurs actuels ne le considéreront pas comme un grand vin ; il n’y a aucune hésitation à avoir : il faut demander trente à quarante euros pour les plus grandes cuvées. Certes, pas mal de bourgognes, de bordeaux, etc. atteignent ces prix sans parfois les mériter d’ailleurs. Mais je ne suis pas sûr que beaucoup de consommateurs et de nos adhérents amateurs de beaujolais soient aujourd’hui disposés à débourser de telles sommes pour une bouteille de Javernières ou d’Impénitents. Affaire à suivre donc.

Syrahier

http://www.louis-claude-desvignes.com/

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